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  • Photo du rédacteurJulie Marie

LE SUCCÈS ET LE CULTE DE L’ÉGOCENTRISME

Dernière mise à jour : 23 avr. 2020


J’ai consulté des magazines dans lesquels on m’a servi la recette du succès et présenté à quoi ressemble le succès. Je n'ai pas été étonnée de (re)lire que, grosso modo, il est basé sur la réputation à grande échelle et sur le volume de ventes. Ce sont de bons indicateurs de performance. Je me suis pourtant dit que le succès se mesure à autre chose qu'à une quantité de produits vendus. Est-ce que, en 2020, la réussite est vraiment confinée à ces critères? Le culte de l’égocentrisme y joue à l’évidence un rôle capital. Pourrait-il être détrôné par un fer de lance plus vertueusement affûté?


La notoriété et son ombre

Le succès d’aujourd’hui, si l’on se fie aux maîtres conférenciers sur le sujet, à prime abord s’apparente à réaliser ses rêves. Jusque-là, j’abonde dans leur sens, puisque la concrétisation d’un rêve est certes une des choses qui procurent le plus de joie à l’être humain. Là où le bât blesse, c’est que l’incarnation matérielle d’un rêve s’apparente aussi – et surtout – à la popularité acquise à force d’obstination de l’égo et à un compte en banque garni (qui, pour plusieurs, est une glorification de soi).


À titre d'exemple, une jeune couturière a donné récemment une entrevue à un magazine de produits de luxe pour afficher sa réussite sur la scène internationale. Elle y mentionnait (sans surprise) que son objectif était de vendre toujours plus de manteaux haut de gamme, que le plus grand nombre de ses clientes les montrent orgueilleusement à leurs amies et que le monde entier désire plus que tout posséder un vêtement de sa marque. J’ai été sidérée par la vanité de son but et par la vacuité sociale de sa démarche. J’ai été d’autant plus effarée de constater que ce genre d’ambition semble encore le plus vanté au sein de la société occidentale. Je me suis dit tout bas : « Mais à quoi ça sert de vendre davantage de manteaux pour… vendre des manteaux et s’éblouir de sa propre capacité à faire acheter? »


À ce que j’ai compris, sa présence dans les affaires venait au secours d’un vide commercial. Il n’existait pas de manteaux de cette couleur, de cette forme ni de ce matériel. Il fallait absolument l’inventer.


L’intention

Je reconnais que d’édifiantes intentions peuvent être à la source d’un rêve de grandeur lié à la consommation. Par exemple, quelqu’un pourrait souhaiter percer le marché international avec son produit qui guérirait la fibromyalgie. Quelqu’un d’autre pourrait vouloir vendre des autocollants en forme d’arc-en-ciel pour que tout un chacun caresse l’espoir au quotidien et garde son sourire. Mais quand le seul moteur d’action est de se donner de la fausse valeur pour atteindre les plus hauts sommets, je m’effondre. Si j’encense les qualités qu’il faut posséder pour arriver au succès, j’en déplore l’objectif ultime, car il ne s’agit pas souvent de faire le bien ou de construire un monde meilleur. D’ailleurs, ces plus hauts sommets sont généralement couverts d’une pluie noire de prétention.


Les qualités

L’acharnement au travail, la passion, la discipline et l’intuition font partie des qualités indispensables à la réussite. Je les honore toutes et je suis d’avis qu’elles ont été utiles aux plus éclatants triomphes. Mais pourraient-elle davantage servir à un succès couronné d’intégrité et d’entraide, par exemple? Wes Hall, le fameux négociateur des grandes entreprises, disait, pour sa part, que l’important était en réalité l’incidence que notre travail a sur les autres. Bien que je ne connaisse guère l’homme ni l’ensemble de ses croyances, je concède son assertion. La finalité de notre travail devrait, à mon sens, mettre les autres sur une voie positive et vraie, nous permettre de nous connaître et de nous améliorer, ainsi que favoriser la circulation du bonheur.


Contrer l’égocentrisme par le merveilleux

Plusieurs voies d’accès peuvent y mener. Le merveilleux en est une sans aucun doute. Ce concept comme mode de vie, que j’ai inventé ni plus ni moins, peut être défini simplement de la façon suivante : l’art de repérer ce qui provoque d’emblée l’émerveillement et de mettre en œuvre son imagination et son intellect pour faire surgir l’extraordinaire de l’ordinaire, et le transmettre. La notion de transmission (ou de communication) est ici fondamentale, puisqu’elle appelle justement à contrer l’égocentrisme et à partager avec les autres le bonheur que soulève le merveilleux.


Devenir quelqu’un

Ce concept convient très bien au travail et au succès. Vous avez certainement, d’ailleurs, des noms de gens en tête qui ont mis l’exceptionnel, le positif et la joie au centre de leur carrière et qui ont réussi, comme on dit. Ils ont tous certainement déclaré, de même que d’illustres mercantiles, que « rien n’est impossible ». Je le crois aussi, comme je crois qu’il est possible de vêtir les gens de merveilleux (plutôt que de manteaux luxueux). Quand le succès de quelqu’un s’appuie sur des valeurs exemplaires mises en action, je me réjouis profondément. C’est ça, pour moi, devenir quelqu’un.

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